Henri et Lucienne se
rencontrent au bal, puis ils prennent rapidement
la décision de se marier. L'envie de chacun
d'être indépendant, de former une famille, et
leur amour les poussent à s'unir le 21 janvier
1939, à 7h00 du matin, à la mairie. Ma
grand-mère était vêtue d'une simple robe
bleue-marine et rouge, et une fois leur mariage
célébré, il se rendirent à Nice durant une
semaine pour leur lune de Miel.
La même année, la guerre est déclarée en
septembre et 6 longues années de restrictions,
de peur, et d'occupation vont commencer.
Les Allemands s'installent en ville, la sirène
hurlante se fait souvent entendre pour prévenir
l'arrivée imminente des bombardements. Alors, le
couple s'enfuie et se réfugie dans des fossés
ou bien dans le cabanon appartenant à la mère
de Lucienne, situé dans la campagne l'Isloise.
Ils prennent bien soin de prendre un bâton
qu'ils coincent dans leur bouche, pour éviter
que leurs dents ne s'abiment à cause des
vibrations.
Les restrictions font désormais partie du
quotidien, mais le potager qui entoure le cabanon
de Marie permet de cultiver quelques légumes et
d'avoir un peu plus de nouriture.
Plusieurs fois, mes grands-parents ont eu de
grandes frayeurs durant cette période.
Henri avait été "ramassé" une fois
et mis dans un wagon qui transportait des hommes
en Allemagne pour travailler. A une vingtaine de
kilomètres de l'Isle, alors que le train était
en mouvement, il parvint à sauter avec un ami,
et mis plusieurs jours avant de retourner
chez lui.
Alors que la guerre se terminait, les Allemands
savaient que les Alliés allaient arriver et pour
ralentir leur progression, ils posaient des
explosifs sur la plupart des ponts avant de
s'enfuir. Lucienne, en compagnie d'une voisine,
était allée chez elle chercher quelques
affaires, et au tournant d'une rue, elles se
retrouvèrent face à deux officiers Allemands,
qui leur demandèrent de se retourner et leur
mirent la mitraillette dans le dos. Mauvaise
plaisanterie ou pitié, les SS laisseront
repartir les deux femmes qui ont eu, ce jour-là,
une grande frayeur.
De nombreuses personnes furent tuées car elles
étaient suspectées de résistance. Parmis elles
figure l'oncle de Lucienne, Marcel, qui fut
suspecté et aussitôt tué. Il vivait à St
Antoine, une commune de l'Isle sur la Sorgue, et la colline abritait des maquisards. Les
Allemands, qui ne parvenaient pas à les trouver,
arrivèrent chez Marcel et découvrirent un vieux
fusil de chasse ainsi que deux tasses de café
posées sur la table. Ces deux éléments ont
suffit à le rendre coupable aux yeux de
l'occupant. Avait-il vraiment reçu des maquisards
ou bien un ami ?
Nombreuses sont les personnes qui ont été
fusillées mais qui étaient innocentes. Lorsque
les responsables de sabotages ou de complots
n'étaient pas trouvés, des civils étaient pris
au hasard et achevés.
Bien sûr, lorsqu'arriva la libération, ce fut
une grande joie. La joie de voir la liberté
revenir, de ne plus être opprimé et tant de
sentiments encore...
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